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Photo du rédacteurAntoine Horellou

Sugi 杉


Edito par Antoine-Antilope  🦌


 

A Kerveatous 🏰, la sobriété hivernale nous a libéré l’esprit et les sens : on savoure le printemps qui émerge enfin.

 

Les coups de vents exceptionnels de cet hiver ont forcé notre petite communauté humaine à quitter son premier campement.

Sur notre chemin de transhumance hivernale surgissent maintenant les fleurs : berces beiges qui bercent les premières abeilles et libellules, iris jaunes dans la prairie encore humide, jacinthes mauves sauvages.

Après le ruisseau, nous arrivons au pied des cryptomeria : Sugi 杉, arbre national du Japon, symbole de longévité.

Je pense aux estampes des japonistes Hokusai, Miyazaki ou Henri Rivière. 

Le soleil rayonne, le vent est calme, le ruisseau aussi, les passereaux s’égaillent. C’est autant de douceur retrouvée à nos yeux, narines, oreilles, sur nos peaux. Nous goûtons les jeunes pousses acidulées des hêtres, la décharge chlorophyllienne des orties sur nos papilles, la saveur « champignon » du plantain que l'on croque.

Bernadette et Bernard, les buses au cri légendaire, nous survolent en cercles, reflets de notre cercle autour du feu, et de nos cris d’enfants libres.

Voilà, c’est ici que nous sommes installés, nous « faisons tribu »… pour l’instant.

 

Car cette (petite) migration climatique nous rappelle notre vulnérabilité, notre éphémérité.

 

Maintenant installés sur ce nouveau site, le deuil passé, nous pouvons retourner visiter l’ancien : un rituel qui nous console. Nos repères principaux ont disparu, mais sous les « monuments » abattus par les vents, on découvre le retour des autres vivants que nous avions dérangés l’an dernier. Paradoxalement, les arbres déracinés nous enracinent, nous renforcent, car nous apprenons de cette expérience de la « vraie vie », en prise directe avec le réel : nous voyons et sentons de nos propres yeux, mains, narines. Nous ressentons avec notre cœur que la vie est vulnérable et puissante à la fois, éphémère et éternelle par ses cycles et mouvements permanents. Nous apprenons notre chance, celle – que d’autres n’ont pas - de pouvoir « atterrir » ailleurs, d’y être accueillis et de s’y ressourcer, d’y déployer notre joie, notre émerveillement. Merci à la famille de Taisne de nous accueillir à Kerveatous. Merci à chacun·e de nous avoir aidés à trouver ce nouveau refuge.

 

Puissions-nous tous nous reconnecter pour prendre soin des vivants qui nous entourent et nous composent.

C’est ce que l’on tente humblement d’expérimenter dans notre petite communauté.

 

Alors rejoignez-nous, faites passer les messages et à bientôt dans les bois !


AA🦌

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